Le soleil se lève sur une nouvelle journée, mais pour moi, Emma, chaque matin est un défi unique. Je m'éveille lentement, mon esprit émergeant d'un brouillard de confusion. Qui suis-je aujourd'hui ? Où suis-je ? Ces questions, banales pour la plupart, sont pour moi le début d'un parcours quotidien semé d'embûches.
Je fixe le plafond, tentant de rassembler les fragments de ma conscience. Des souvenirs épars flottent à la surface de mon esprit, comme des débris après une tempête. Je suis Emma, j'ai 32 ans, je vis à Lyon. Ces faits, je les répète comme un mantra, m'y accrochant comme à une bouée de sauvetage dans l'océan tumultueux de ma psyché.
Mes yeux balaient la pièce, cherchant des indices. Les murs sont couverts de post-its colorés, chacun portant un message, un rappel, une partie de moi-même que je crains de perdre. "Tu es en sécurité", "N'oublie pas de prendre tes médicaments", "Appelle ta soeur aujourd'hui". Ces notes sont mes ancres dans la réalité, des fils ténus me reliant à une continuité que mon esprit peine à maintenir.
Je me lève, mes mouvements mécaniques, presque détachés de ma volonté. Dans le miroir de la salle de bain, je scrute mon reflet. Parfois, ce visage me semble étranger, comme si quelqu'un d'autre me regardait à travers mes propres yeux. Aujourd'hui, heureusement, je me reconnais. Un petit soulagement dans ce qui s'annonce être une journée imprévisible.
Sous la douche, l'eau chaude ruisselle sur ma peau. Cette sensation physique m'ancre dans le présent, me rappelant que j'existe, que je suis réelle. Combien de fois ai-je eu l'impression de flotter hors de mon corps, observant mes actions comme un spectateur désintéressé ? Ces épisodes de dépersonnalisation sont terrifiants, me laissant avec la sensation persistante d'être une actrice dans ma propre vie.