Marc Fiévet, connu sous le code "NS 55", a été un aviseur des douanes françaises, un indic. Il s'est retrouvé au coeur d'un monde clandestin et dangereux en acceptant de devenir informateur pour les douanes françaises en 1988. Ce marin aventurier, pilote d'avion, conducteur de poids lourds, s'est installé à Gibraltar, un lieu où les trafics sont nombreux.
Approché par les douanes, Fiévet devient un "aimable correspondant" pour la Direction nationale du renseignement et des enquêtes, chargé d'infiltrer les réseaux de trafic de drogue opérant dans le détroit de Gibraltar. Son rôle consiste à recueillir des informations sur les activités des trafiquants, notamment sur les importations de cocaïne en provenance du Maroc ou de l'Atlantique.
Au fil du temps, ses missions prennent de l'ampleur, et il se retrouve impliqué dans des opérations de plus en plus risquées, comme celle qui fait entrer 1 280 kilos de drogue en France sous surveillance des douanes. Malgré les dangers et les pressions, Fiévet réussit à mener à bien ses missions.
En 1994, il est trahi. Alors qu'il organise le transport de cinq tonnes de cocaïne vers le Canada pour le compte d'un important trafiquant, il est arrêté par les autorités canadiennes et condamné à perpétuité en 1997. Les services britanniques, avec qui il avait refusé de collaborer, l'ont piégé et dénoncé auprès de leurs confrères canadiens.
Marc Fiévet est alors tout simplement abandonné par ses patrons français, hauts fonctionnaires trop occupés par leur carrière et peu soucieux d'assumer leurs responsabilités. Il passe sept ans derrière les barreaux avant d'être finalement libéré grâce à l'intervention d'un ancien collaborateur.
Cette expérience amère le conduit à remettre en question l'éthique du gouvernement français et à dénoncer les pratiques douteuses des hauts fonctionnaires français. Pour lui, ces derniers sont plus préoccupés par leurs propres intérêts que par le bien-être des agents infiltrés sur le terrain, sacrifiant ces derniers pour des considérations politiques ou diplomatiques.
Marc Fiévet a été loué par les experts de la lutte contre le trafic de drogue pour son efficacité dans la collecte de renseignements et la déstabilisation des réseaux criminels. En fait, il a été indispensable au travail de lutte contre les trafics.
Après sa libération en 2005, Marc Fiévet s'est battu pour être réhabilité. Il a mené cinq grèves de la faim, pour attirer l'attention sur son cas et obtenir justice. Ses efforts ont finalement porté leurs fruits lorsqu'une ordonnance de la magistrate Sophie Clément, en mai 2006, a lavé son honneur en déclarant qu'il n'y avait pas suffisamment de preuves pour le condamner pour trafic de stupéfiants.
Marc Fiévet a inspiré le film "Gibraltar" et continue de se battre pour faire reconnaître son histoire et obtenir réparation pour les injustices qu'il a subies.