About the Book
La Nouvelle Emma n'est point, à proprement parler, un roman; c'est un tableau des moeurs du temps. Les Français qui ont fait quelque séjour en Angleterre, y reconnaîtront les coutumes, les habitudes et les manières des petites villes, ou de ce qu'on appelait jadis chez nous la province. Ceux au contraire qui ne sont jamais sortis de chez eux, apprendront, sans se déplacer, à connaître nos voisins. On prévient ici le Lecteur qu'il ne trouvera dans cet ouvrage aucune aventure merveilleuse, point de châteaux enchantés, point de géans pourfendus: tout est naturel. Après avoir lu Emma, on croirait que l'auteur a tracé ses portraits d'après nature, et que les faits qu'il raconte se sont passés dans son voisinage. Cet ouvrage, dédié à Son Altesse Royale le Prince Régent d'Angleterre, a été favorablement accueilli par la nation pour laquelle il a été écrit, et cela devait être; car le lecteur anglais, s'il ne se reconnaissait pas lui-même dans les portraits tracés par l'auteur, pouvait y reconnaître ses amis, ses parens ou ses voisins. Parmi un grand nombre de personnages qui figurent dans cette brochure, il y a quelques caractères neufs pour nous, et ils sont en général bien soutenus. Comme chez nous, on y trouvera des parvenus, insolens, des bavards, des gens fiers de leur naissance et de leur fortune; et comme chez nous aussi, on rencontrera des personnes qui pensent que les avantages de la naissance et de la fortune (dont le premier est toujours accidentel, et très-souvent le second) ne devraient inspirer, à un vrai gentilhomme d'autre orgueil que celui de surpasser les hommes qui sont placés au-dessous de lui dans l'ordre politique, par son équité, par sa générosité et ses talens. Emma, personnage principal, joue, comme de raison, le premier rôle. Jeune, belle, spirituelle et riche (il ne faut pas oublier cette bonne qualité-là), maîtresse de bonne heure, non-seulement de ses actions, mais même de toute sa maison, par la mort prématurée de sa mère, et l'excessive tendresse d'un père qui la gâta autant qu'il put, avait cependant des qualités éminentes; mais ce qui la distingue le plus, c'est l'amour filial qu'elle possède à un tel degré, qu'elle forme le projet de ne se jamais marier; mais reléguée dans une campagne, elle crut que, pour le bien de son pays en général, celui de ses amis en particulier, et surtout pour se procurer quelque amusement, elle devait faire des mariages.
About the Author: Jane Austen, née le 16 décembre 1775 à Steventon, dans le Hampshire en Angleterre et morte le 18 juillet 1817 à Winchester, dans le même comté, est une femme de lettres anglaise. Son réalisme, sa critique sociale mordante et sa maîtrise du discours indirect libre, son humour décalé et son ironie ont fait d'elle l'un des écrivains anglais les plus largement lus et aimés[1]. Toute sa vie, Jane Austen demeure au sein d'une cellule familiale étroitement unie, appartenant à la petite gentry anglaise[2]. Elle doit son éducation en grande partie à son père et à ses frères aînés, ainsi qu'à ses propres lectures. Le soutien sans faille de sa famille est essentiel pour son évolution en tant qu'écrivain professionnel[3], [4]. L'apprentissage artistique de Jane Austen s'étend du début de son adolescence jusqu'à sa vingt-cinquième année environ. Durant cette période, elle s'essaie à différentes formes littéraires, y compris le roman épistolaire qu'elle expérimente avant de l'abandonner, et écrit et retravaille profondément trois romans majeurs, tout en en commençant un quatrième. De 1811 à 1816, avec la parution de Sense and Sensibility (publié de façon anonyme en 1811), Pride and Prejudice (1813), Mansfield Park (1814) et Emma (1816), elle connaît le succès. Deux autres romans, Northanger Abbey (achevé en fait dès 1803) et Persuasion, font tous deux l'objet d'une publication posthume en 1818; en janvier 1817, elle commence son dernier roman, finalement intitulé Sanditon, qu'elle ne peut achever avant sa mort.