La nuit était tombée sur Karlsruhe, enveloppant la ville d'un silence inquiétant. Je me souviens encore de cette soirée comme si c'était hier, alors que je m'apprêtais à quitter le commissariat après une longue journée. Un appel a tout changé.
La voix tremblante de l'opérateur m'a glacé le sang. "Capitaine Link, on signale un enlèvement. Deux enfants. C'est urgent." Mon coeur s'est serré. En tant que père, ces affaires me touchent toujours au plus profond.
J'ai foncé sur les lieux, sirène hurlante. La maison des Rothmann, habituellement si paisible, était devenue une scène de chaos. Les gyrophares des voitures de police projetaient des ombres fantomatiques sur les façades.
Dès mon arrivée, l'odeur métallique du sang m'a assailli. La baby-sitter, Doreen Amlung, gisait dans l'entrée, une mare écarlate s'étalant autour d'elle. Ses yeux grands ouverts fixaient le vide, figés dans une expression de terreur pure. Cette image me hanterait longtemps.
Les parents, effondrés sur le canapé du salon, semblaient avoir vieilli de dix ans en quelques heures. Madame Rothmann sanglotait sans retenue, tandis que son mari fixait le sol d'un air absent. L'atmosphère était lourde, chargée de désespoir et d'incompréhension.
Mon collègue, le capitaine Strickle, m'a rejoint rapidement. Son visage habituellement impassible trahissait son inquiétude. "C'est mauvais, Link. Vraiment mauvais."