L'espace doit être "habité", occupé, transcendé, augmenté. Les images de toutes natures dont la peinture, générées, exploitées et trafiquées sous toutes les formes possibles, détournements, déconstructions, transformations ou recompositions, occupent et inondent l'espace social contemporain en permanence. Des références culturelles majeures, Vermeer ou Manet parmi d'autres, sont mises à contribution et à profit. Il s'agit de repères aisément reconnaissables et identifiables, constitutifs d'un système référentiel. L'art occupe cette fonction de produire un cadre symbolique qui répond aux interrogations des sociétés.
Des questionnements constituent l'origine de ce propos sur la représentation dans son contexte. Est-il raisonnable de peindre des chevaux bleus ?, Comment représente-t-on ce que l'on n'a pas vu ?, Comment se constitue un système référentiel ? En cascade, d'autres interrogations viennent à l'esprit. Un paysage peut-il être le sujet d'un tableau ? Une banane peut-elle dépasser sa valeur d'usage alimentaire ? La représentation a-t-elle besoin d'un sujet tangible ? Des artistes comme Carracci, Cattelan, Malevitch ou Van der Heyden, ont, parmi d'autres, bouleversé et changé le système de représentation dominant de leur époque. La contextualisation permet de saisir comment la peinture dit le monde et comment le monde fait la peinture.
Un itinéraire en 24 tableaux balise un parcours de la Renaissance à nos jours. il s'agit de mettre en évidence des clefs de lecture qui donne accès à une interprétation des oeuvres dans une perspective de macrocontextualisation.
De fait, la Renaissance marque une rupture graduelle avec le Moyen-Âge quant aux aspects de la représentation. Les protagonistes du monde artistique cherchent à résoudre de nouvelles équations qui ne constituaient pas les préoccupations majeures de la représentation iconique médiévale. Ces processus s'inscrivent dans la longue durée, les choses ne se font pas du jour au lendemain, mais pas à pas, parfois en tâtonnant, parfois plus brutalement. La représentation et ses mutations montrent de nombreux exemples où tout semble s'effondrer, se reconstruire, prendre une autre direction. Le changement peut sembler radical. De fait, il participe du temps long, de la maturation, de la gestation. Il traduit une perception qui arrive à son terme pour renaître autrement, en agglomérant, en agrégeant, en mixant, en innovant et en expérimentant. Une évolution des mentalités qui puise partout où elle peut pour changer le scénario de la narration. Les révolutions en art ne sont jamais qu'un itinéraire sociétal qui change de vitesse, accélère ou décélère, avec l'idée de questionner le point focal de ce qui fait sens. Maurizio Cattelan n'est jamais que le petit-fils caché de Botticelli. Ils ont en commun d'être l'acteur clef d'un contexte qui aspire son temps, l'ingurgite, l'interroge, l'interprète et le transfigure. Le Portrait de Simonetta Vespucci et The Comedian sont la même face d'un processus.
Le moment contextuel de l'art est à la croisée des chemins de tous les processus. L'art et le système de représentation constituent un tournant dans la perception qu'à une société d'elle-même à un moment donné de son existence. Il est le point de reconnaissance et d'appartenance de toutes les civilisations. Il est aussi l'étalon nourrissant les sociétés. Une société sans image n'existe pas. L'art est un carrefour, un croisement inévitable.
La contextualisation d'une oeuvre se situe et trouve sa justification à différents niveaux du territoire de l'interprétation. Ainsi d'un point de vue conceptuel, elle consiste à situer le tableau dans l'espace global d'un système culturel et référentiel. Elle est transversale et permet une vision panoramique. En cela, elle englobe les autres niveaux d'appréhension qui la prolongent et permettent de fournir