About the Book
Un soir de 1824 se donne à l'Opéra un bal masqué. Ancienne courtisane au charme remarquable, Esther Bogseck (dont on découvrira vers la fin du récit qu'elle est en fait Esther Gobseck) s'y rend en compagnie de Lucien Chardon qui se fait appeler Lucien de Rubempré. On l'avait dit ruiné, mais il a payé ses dettes et vit avec Esther. Ses anciens amis ont tôt fait de le reconnaître, mais un singulier personnage qui marche sur les pas de Lucien conseille d'une voix menaçante aux médisants de respecter le jeune homme. En dépit de son masque et de son déguisement, Esther est elle aussi reconnue par les invités et, victime de leurs ricanements et moqueries, elle retourne précipitamment chez elle. Bouleversée, au désespoir, elle tente de mettre fin à ses jours. Elle est sauvée in extremis par l'abbé Carlos Herrera, qui est nul autre que l'ombre qui suivait au bal Lucien de Rubempré, mais également celui qui a payé ses dettes. Soi-disant chanoine du chapitre royal de Tolède, envoyé secret de Sa Majesté Ferdinand VII, le faux Don Carlos Herrera habite avec le jeune homme, qu'il considère comme son fils et dont il veut faire la fortune pour en jouir par procuration. Dès lors, Carlos Herrera exerce son influence sur Esther pour briser sa relation amoureuse avec Lucien. Tantôt il la terrorise, tantôt il la rassure, puis lui impose l'idée de renoncer d'elle-même à son amour pour se mettre sous sa tutelle. Il contraint ainsi la jeune femme à entrer dans un couvent pour acquérir un minimum d'éducation. Par la suite, Esther obtient de revenir vivre avec Lucien, mais, pour ne pas compromettre la chance que celui-ci effectue un mariage aristocratique, elle doit se cacher du monde et vivre en recluse dans un appartement où plusieurs femmes, mises à son service, prennent en charge l'ordre de la maison. Au début de 1829, il est sérieusement question du mariage de Lucien avec la fille de la duchesse de Grandlieu, ce qui ferait de Rubempré un marquis qui pourrait être nommé ministre de France à l'étranger. Toutefois, lors d'une rencontre fortuite, le vieux baron de Nucingen devient amoureux de la belle Esther qu'il a fugitivement aperçue alors qu'elle faisait sa promenade nocturne. Herrera saisit l'occasion de faire chanter le riche vieillard pour lui soutirer un million qui permettrait d'assurer le mariage de Lucien avec Clotilde de Grandlieu. Lucien, qui veut devenir riche, prend le parti de suivre les instructions de son protecteur, mais Esther, qui aime sincèrement Lucien, est atterrée par l'ampleur du piège où ils sont tous deux tombés. Cependant, le baron Nucingen tente de retrouver la belle Esther et lance à ses trousses Contenson, un agent de la police privée sous la Restauration, lui-même ami de deux autres fameux policiers: le brillant Corentin et le subtil Peyrade qui se cache sous les traits du vieillard Canquoëlle. Entre ces trois policiers aguerris et Vautrin, l'ancien bagnard, la lutte sera impitoyable.
About the Author: Honoré de Balzac, né Honoré Balzac à Tours le 20 mai 1799 (1er prairial an VII du calendrier républicain), et mort à Paris le 18 août 1850 (à 51 ans), est un écrivain français. Romancier, dramaturge, critique littéraire, critique d'art, essayiste, journaliste et imprimeur, il a laissé l'une des plus imposantes oeuvres romanesques de la littérature française, avec plus de quatre-vingt-dix romans et nouvelles parus de 1829 à 1855, réunis sous le titre La Comédie humaine. À cela s'ajoutent Les Cent Contes drolatiques, ainsi que des romans de jeunesse publiés sous des pseudonymes et quelque vingt-cinq oeuvres ébauchées. Il est un maître du roman français, dont il a abordé plusieurs genres, du roman philosophique avec Le Chef-d'oeuvre inconnu au roman fantastique avec La Peau de chagrin ou encore au roman poétique avec Le Lys dans la vallée. Il a surtout excellé dans la veine du réalisme, avec notamment Le Père Goriot et Eugénie Grandet, mais il s'agit d'un réalisme visionnaire, que transcende la puissance de son imagination créatrice. Comme il l'explique dans son Avant-Propos à La Comédie humaine, il a pour projet d'identifier les Espèces sociales de son époque, tout comme Buffon avait identifié les espèces zoologiques. Ayant découvert par ses lectures de Walter Scott que le roman pouvait atteindre à une valeur philosophique, il veut explorer les différentes classes sociales et les individus qui les composent, afin d'écrire l'histoire oubliée par tant d'historiens, celle des moeurs et faire concurrence à l'état civil . L'auteur décrit la montée du capitalisme et l'absorption par la bourgeoisie d'une noblesse incapable de s'adapter aux réalités nouvelles. Intéressé par les êtres qui ont un destin, il crée des personnages plus grands que nature, au point qu'on a pu dire que, dans ses romans, chacun, même les portières, a du génie . Ses opinions politiques sont ambiguës s'il affiche des convictions légitimistes en pleine Monarchie de Juillet, il s'est auparavant déclaré libéral, et défendra les ouvriers en 1840 et en 1848, même s'il ne leur accorde aucune place dans ses romans. Tout en professant des idées conservatrices, il a produit une oeuvre admirée par Marx et Engels, et qui invite par certains aspects à l'anarchisme et à la révolte.